Bhagat Singh est un révolutionnaire indien dont on n’entend pas parler en occident… Or quand on voyage en Inde, on a parfois l’impression d’être pourchassé par son visage. Le visage d’un jeune homme à la peau claire, dont la bouche porte une moustache fine soigneusement coiffée et la tête, un chapeau en biais. Mais qui donc est ce “cow-boy” indien que l’on voit partout?
Il n’y a pas un révolutionnaire indien qui ait atteint une popularité comme Shaheed Bhagat Singh l’a fait. (“Shaheed” signifie martyre) Il demeure le visage de la jeunesse, et plus de 80 ans après sa disparition, son nom inspire des millions de personnes de tout âge.
Il fut un temps où ses idées étaient considérées comme violentes et impossibles à mettre en oeuvre. Mais depuis une bonne cinquantaine d’années, plusieurs nouvelles études ont révélé sa profonde compréhension du climat social et politique de l’époque et ont mis en lumière les différentes facettes de sa vie et de sa philosophie. En un sens, ses idées sont devenues plus pertinentes qu’elles ne le furent.
Bhagat Singh est né dans une famille patriotique, et servir le pays est très tôt devenu une évidence.
Sa vie a été brève, mais il a laissé une empreinte indélébile dans l’esprit de ses contemporains. Aucun autre leader de mouvement pour la liberté n’a autant inspiré le processus de réflexion.
Bhagat Singh est né le 28 Septembre 1907 dans la maison de ses parents Sardar Kishan Singh et Vidyawati, dans le village de Khatkar Kalan au Penjab. Son grand-père, son père et son oncle étaient très impliqués dans la lutte pour la liberté de l’Inde. Sardar Arjun Singh, le grand-père de Bhagat Singh s’intéressait de près au Congrès National Indien (Parti fondé en 1885, acteur majeur dans la lutte pour l’indépendance). Le patriotisme de ses aînés a laissé une trace indélébile dans la psyché du jeune Bhaghat Singh.
Il était brillant dans les études et il aimait la littérature. Après le terrible massacre d’Amritsar en 1919, il eut ses premières réflexions sur la lutte en cours pour l’indépendance.
En 1920, quand le Mahatma Gandhi a lancé le mouvement de non-coopération (désobéissance civile), il s’y est impliqué. Cependant après l’incident de Chauri-Chaura en 1922, où des policiers ont été tués, Gandhiji mit un terme au mouvement. La nouvelle a été un choc pour des millions d’indiens. A cette époque, Bhagat Singh était étudiant. Il étudiait au National College de Lahore. Ses camarades étaient Sukhdev et Yashpal. Tous les trois se firent la promesse de vouer leur vie à l’indépendance. En 1923, Bhagat Singh gagna un concours d’essai organisé par la Hindu Sahitya Sammelan. Ses écrits et ses pensées étaient bien en avance sur son âge. Il concevait ses propres plans concernant les problèmes du Penjab ou ceux du pays. Cependant, pour échapper au mariage, il abandonna les études universitaires et rejoignit la Naujawan Bharat Sabha (NBS, organisée pour fomenter la révolution contre le Régime Britannique). Sa popularité grandit et il s’engagea bientôt avec la Hindustan Socialist Republican Association (HSRA).
Le gouvernement, sous Sir John Simon, tenta, en créant une commission, de mettre en place une réglementation stricte sur la société indienne, réduisant les droits et les libertés. La commission Simon se réunit à Lahore en février 1928. En signe de protestation, Lala Lajpat Rai organisa une marche silencieuse. C’était une marche non-violente, mais cela mit en colère l’officier Scott, qui, de son lâthi (bâton), battit Lala Lajpat Rai sans merci. Lalaji mourut quelques jours plus tard de ses blessures. La réaction fut violente. Bhagat Singh avait été témoin de cet incident. Lui et ses associés projetèrent de se venger en tuant l’officier Scott. Quelques jours après l’incident, Bhagat Singh, Sukhdev, Rajguru et d’autres, visèrent le bureau de Scott, et au signal, ils tirèrent sur l’officier de police. Mais à cause d’une erreur d’identification, ils ont tué le jeune officier Saunders. Avec toute la police britannique à ses trouses, les circonstances devenaient impossible à Lahore, pour Bhagat Singh. Il fuit d’abord à Calcuta, avant d’errer dans différents lieux. Il a travaillé dans un journal à Kanpur et écrivait des articles.
Pour éliminer tout esprit de révolte, les autorités britanniques tentèrent de mettre en oeuvre une autre loi, le Defense of India Act. Bien que l’Act ait été rejeté par une voix lors du Conseil, la loi passa sous une ordonnance d’intérêt public. Ce qui provoqua la colère du peuple. Le HSRA décida de jeter une bombe à l’assemblée. Bhagat Singh et Batukeshwar Dutt furent choisi pour cette tâche. Le8 avril 1929, ils allèrent assister à la session d’assemblée et jetèrent la bombe. Après quoi, ils restèrent là et crièrent des slogans tels que “Inquilab Zindabad!” (“Longue vie à la révolution!”). C’était une bombe inoffensive, qui avait été conçue pour provoquer un son puissant et elle avait été jetée, volontairement, loin de l’assistance. Cependant Bhagat Singh et Batukeshwar Dutt furent arrêtés sur place. Plus tard, un autre membre du HSRA a été ussi arrêté. Ensemble, ils entamèrent une grève de la faim pour demander de meilleures conditions de détention pour les prisonniers politiques. Elle dura 63 jours, et porta ses fruits.
Le dossier du meurtre de Saunders était encore ouvert. Bhagat Singh, Sukhdev et Rajguru ont tous trois été accusés du meurtre, et le 7 Octobre 1930, un tribunal spécial les condamna à la peine de mort. A la cour, Bhagat Singh avait expliqué son idée de “Inquilab” (révolution), qui au fil des ans, est devenu très populaire dans les milieux intellectuels.
Bhagat Singh et ses camarades Sukhdev et Rajguru ont été pendus le 23 Mars 1931, à la prison de Lahore.
Citations: “La révolution n’implique pas nécessairement un conflit sanguinaire. Ce n’est pas un culte pour les bombes et les pistolets.”
